LE PRESIDENT MALIEN n'aime pas qu'on parle des infidélités, même en fiction.
Du Mali, il nous arrive cette histoire rocambolesque, le président Chirac dira "abracadabrantesque". Que la fiction rejoigne parfois la réalité, cela arrive très souvent et n'enlève en rien le caractère fiction de la chose. Parfois c'est la réalité qui inspire la fiction. Les histoires d'infidélité ou de deuxième "bureau" comme on dit en Afrique, "les maitresses" en Europe, sont une réalité dont le monopole se trouve partout et nulle part. On sait en France que, c'est une pratique assidue et bien installée, même si nos amis français continuent dans leur hypocrisie de salon. Que la femme de l'autre fricote avec l'autre ainsi de suite. C'est la vie !!!!!
Ce qui se passe au Mali, rappelle dans une certaine mesure, les déboires de feu Jean Edern Hallier, cet écrivain qui avait le flair d'être au courant des secrets des dieux.
Au nom de la liberté de pensée, d'expression nous demandons au président malien de faire libérez sans condition aucune, les deux personnes (voir photos)emprisonnées pour l'histoire ci-dessous.
Bassirou Kassim MINTA et Seydina Oumar DIARRA.
Lycée
Nanaïssa Santara
La maîtresse du président de la république !
Il ne s'agit pas d'une farce. Un professeur de lettres au lycée Nanaïssa
SANTARA n'a rien trouvé d'autre que d'évaluer ses élèves sur un sujet bien
embarrassant : la sexualité vadrouilleuse du président de la République. Ce
n'est pas le commentaire critique de " L'école des femmes " de
Molière, mais d'un sujet de composition donné récemment à des élèves d'un lycée
de Bamako. L'intitulé fait l'économie de nommer le Don Juan vraiment particulier,
mais met dans la rue les moeurs vagabondes du n°1 national discutées en plein
conseil de ministres, la plus haute instance de décision du pays. Le texte du
sujet est ainsi résumé : " Une étudiante
(Dily), prostituée économique, se retrouve dans une de ses escapades charnelles
entre les griffes du président de la République jusqu'à ce que grossesse s'en
suive. Parmi la cour de ses nombreux courtisans, Dily préfère attribuer la
grossesse au Don Juan de président de la République.
Ce dernier craignant pour son honorabilité n'arrive pas à convaincre sa
nouvelle conquête d'avorter même au prix d'une menace d'assassinat. Dily finit
donc par accoucher, et préfère dans un premier temps se battre pour la
reconnaissance de l'enfant par M. le président que pour des fiançailles
d'infortune. Malmenée par le géniteur présumé de son enfant, Dily interrompt
une réunion du conseil de ministres pour exposer la situation et plaider sa
cause en présence de tous les membres du gouvernement. Elle trouve un écho
favorable auprès du Premier ministre qui convainc son patron de reconnaître
l'enfant. La question insolite et impromptue est vite évacuée et le président
de la République n'a d'autres choix que de céder en promettant de demander la
main de sa maîtresse ".
Reflet moral
Ainsi exposé, il s'agissait dans un premier temps pour les élèves du niveau 10è
lettres, de contracter le texte d'environ 1000 caractères ou 139 mots au quart
de son volume.Ensuite, l'élève doit commenter le comportement de Dily sous
forme de dissertation. A première vue, ce sujet peut susciter chez parents
d'élèves dédain, arrogance et mépris. Car, nonobstant son caractère insolant,
blessant et immoral, l'orientation sexuelle du fond du sujet est établie sans
aucune ambiguïté.
Secundo, le texte ainsi rédigé et distribué dans un espace public de formation
pêche, toujours chez certains parents d'élèves, pour défaut de toute finalité
pédagogique. Car c'est une allusion grotesque et maladroite à la dépravation et
à la perversion morale jusqu'au sommet de la république. Surtout que cette affaire
de bermuda est discutée et résolue en plein conseil de ministres en présence de
la prostituée maîtresse du président de la république et bientôt future
première dame de la République.
Tercio, l'allusion est franche entre les vices dévoilés du sommet de l'Etat et
la permissivité que cela crée à la base. Autant dire pourquoi les citoyens se
priveraient de faire comme leurs responsables, de les imiter dans l'enfer moral
et le dégoûtant modèle. Une incitation tacite au délit d'offense au chef de
l'Etat est implicite. Un enseignant de son époque.
L'auteur du sujet qui n'est autre que le censeur de l'établissement, M.
Bassirou Kassim MINTA, a indiqué qu'en tant que pur produit de sa société, il a
été inspiré par les réalités qui l'entourent. Car la valeur d'un sujet à
l'école ne doit plus servir aux seules formations intellectuelle et pédagogique
de l'élève, mais doit s'étendre au volet moral et civique. "Je
m'inspire de mes recherches par exemple sur le net, dans les livres et
les anciens répertoires ", indique-t-il pour le choix de ses sujets.
M. MINTA de poursuivre, " lorsque j'ai vu un sujet semblant dans un
ancien cahier, j'ai passé une nuit à réfléchir sur les différentes
articulations possibles en vu de l'adapter à mon besoin pédagogique ".
En effet, dans le sujet, justifie t-il, le président de la République n'est
qu'un personnage. Selon le professeur, il est censé être l'homme le plus
responsable de tous les responsables et le plus riche du pays. Quant au nom de
l'élève (Dily), le professeur a délibérément choisi en conformité avec le nom
d'une cousine au village qui s'appelle effectivement Oumou Dily. Le choix de la
cousine a également un sens dans ce contexte, par le fait que nos us et
coutumes acceptent qu'on assène des insalubrités à ses proches. Qui aime bien
châtie bien.
Pour les élèves que nous avons pu rencontrer malgré ce début de vacances, le
sujet en question est perçu comme une belle leçon de morale, en cette période
où notre enseignement est le plus victime de la déperdition culturelle et du
laisser aller où l'argent est montré comme seul facteur de réussite au
détriment du niveau de la formation initiale et de l'avenir même du pays. Pour
Mohamed Lamine DIOUARA, qui a préféré ce premier sujet au second choix portant
sur la littérature noire américaine, il était beaucoup plus abordable. La
vérité, c'est que c'est une fiction presque romanesque dont les personnages sont
imaginaires même si, quelque part, cela heurte la morale en ce sens que ça peut
être comme une incitation implicite à la débauche des jeunes filles qui doivent
craquer pour les mecs les plus " pimpants ".
Par Seydina Oumar DIARRA -SODInfo-
Matin N°2182
Vendredi 1er Juin 2007