HALTE AUX AFRICANERIES
Haltes
aux "africaneries"!
L'essentiel de cette
critique porte sur l’attitude des chefs d’Etat africains qui endorment une
bonne partie de leurs populations par ce genre de manifestations. Car ces
dernières couvrent de déshonneur la diplomatie africaine. Peut-on traiter les
pays africains sans condescendance dès lors que ceux-ci offrent le spectacle
affligeant d’Etats réduits à chanter les louanges de chefs d’Etat étrangers
dans l’espoir secret d’être payés de retour par un supplément de considération
?
Le président français, Nicolas Sarkozy, en appelait avant son élection à une
redéfinition des grands axes de la politique française en Afrique. Dans son
livre publié en 2006 sous le titre Témoignage, il consacre un chapitre à
l’Afrique qu’il intitule «La priorité africaine». Voici ce qu’il y écrit : «Respecter
les Africains, c’est d’abord leur dire la vérité, leur parler franchement, les
considérer comme des interlocuteurs lucides. Il convient notamment d’arrêter de
les exonérer de toute responsabilité dans le retard de développement de leur
continent. Faire reposer l’échec africain sur les seules conséquences de la
colonisation est contraire à la réalité. […] Il faut tourner le dos à la
politique des «réseaux», ces fameux réseaux qui prétendent aimer l’Afrique et
qui ne font qu’exploiter ses richesses et utiliser ses travers. Corrompus,
corrupteurs, falsificateurs, ils se sont appuyés sur une prévarication qu’ils
ont nourrie et dont ils se sont repus. C’est une image détestable de l’Afrique
et de la France.».
Que s’est-il donc passé depuis son élection pour que les voyages en Afrique des
membres du gouvernement ou du président lui-même donnent une impression de
déjà-vu ? Les fameux réseaux auraient-ils eu raison de la volonté de changement
du président Sarkozy ? En voyant les foules de Sénégalais et de Gabonais
massées sur son passage, je me suis demandé où était la différence par rapport
au passé. Où est la rupture annoncée lorsque des femmes continuent comme
auparavant d’esquisser des pas de danse en scandant le nom du président
français dans des chansons qui sonnent à mes oreilles comme des injures à la
musique africaine ! On pourra parler de véritable tournant dans les relations
franco-africaines le jour où l’on ne verra plus ces «africaneries» lors des
visites du président ou des membres du gouvernement français.
On pourra parler de relations bilatérales équitables lorsque disparaîtront ces
cortèges artificiels de badauds, voire de fonctionnaires qu’on incite à
déserter le travail parce qu’un ministre ou le président français en personne
vient en visite. Ce jour-là, on pourra dire que les dirigeants africains ont
enfin compris que la souveraineté d’un Etat ne se brade pas de la sorte. Lequel
d’entre eux a-t-il déjà été accueilli à l’aéroport de Roissy ou d’Orly par un
cortège de Bretons ou de Savoyards exécutant leurs danses traditionnelles en
scandant son nom ?
Denis Dambré
27/07/2007
Source: http://saoti.over-blog.com/